Lorsqu’il est question d’innovation managériale, on pense sur le champ aux évolutions sur les systèmes d’information. L’enjeu du collaboratif vient en dernier recours alors que c’est indubitablement dans cette direction que se situe la prochaine métamorphose du management. Mercredi dernier, je me suis rendu à un symposium à Nantes sur le thème du management, où un orateur nous a présenté comment des entreprises ont fait le choix d’un management particulièrement inhabituel. Trois d’entre eux m’ont franchement saisi. Si vous êtes abonné au management conventionnel, ces exemples risquent fort de vous plaire. En France, le PDG de Mars Chocolat, Thierry Gaillard, a institué toutes les six semaines un débat d’une demi-heure, intitulée « Ca se discute », où il prend le temps de répondre à toutes les questions de ses employés. Cette hardiesse est d’autant plus plaisante quand l’on sait combien les employés ont beaucoup moins confiance en leurs présidents qu’en leurs responsables directs. Chez HCL Technologies, une société de services informatiques d’environ 80000 employés,, son PDG, Vineet Nayar, a institué une appli intitulée « Feed Forward ». Chaque personne peut y déposer, quand il le désire, un feed-back sur les compétences qu’il apprécie et celles qu’il propose de soutenir chez un collègue avec qui il a collaboré, sans pour autant le faire dans un processus formel. Cette procédure, anonyme, est bien entendu bienveillante. L’idée est, après avoir explicité les points positifs, d’aider l’employé volontaire de avoir un regard extérieur concernant ses axes de développement professionnel, et cela, hors du cadre du circuit traditionnel des évaluations hiérarchiques. En France, la SNCF a instauré une communauté managériale grâce à un portail ouvert aux encadrants. Sur cette plateforme, les managers peuvent discuter une problématique, échanger sur leurs pratiques ou même pouvoir appeler par téléphone pour avoir le secours d’une autre personne que son manager. Cette méthode est particulièrement attrayante au sein d’entreprises où les managers sont très isolés dans leurs activités et se retrouvent seuls et doivent faire face à des situations managériales dont ils n’entrevoient pas de solutions. Celle-ci permet de fortifier les liens entre des managers qui partagent des problématiques identiques, même s’ils exercent des métiers différents. Le fait de pouvoir échanger entre équipiers favorise aussi une plus forte transparence dans les échanges, ce qui n’est pas nécessairement le cas dès lors qu’il y a échange avec la hiérarchie (peur d’être mal vu, par exemple). Ce symposium m’a permis de comprendre que le management est loin d’être figé.